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Histoire du pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle

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Architecture et pèlerinage

Tous les pèlerinages médiévaux, qu’ils soient prestigieux comme celui de Compostelle ou réduits à un rayonnement local, sont en général motivés par la présence d’une relique. Le phénomène d’attraction, lié à la réputation miraculeuse ou au rôle d’intercesseurs des reliques, prit aux XIe et XIIe siècles une ampleur sans précédent.


Où conserver les reliques et comment les rendre accessibles ou les exposer sans risque ? Comment permettre aux pèlerins venant pratiquer leurs dévotions de s’en approcher ? Comment gérer les flux du public lors des cérémonies importantes ? Comment optimiser l’efficacité spirituelle des reliques en les associant autant que possible à l’autel et au sanctuaire ? Comment combiner l’accueil des pèlerins et le respect des règles monastiques et les usages de la vie religieuse ordinaire ? Telles sont les questions auxquelles se sont trouvé confrontés les bâtisseurs de l’époque romane au moment de l’essor du culte des reliques et du phénomène des pèlerinages, en particulier dans le cas de reliques prestigieuses, bénéficiant d’un rayonnement important.


La question de la conservation et de l’exposition des reliques a connu de multiples réponses, parfois changeantes en un même lieu. De la crypte installée sous le sanctuaire, accessible aux fidèles (Saint-Eutrope de Saintes, Saint-Hilaire-de-Poitiers, Saint-Gilles-du-Gard) ou simplement dotée d’une fenestella, une ouverture permettant de voir ou de toucher un tombeau depuis un déambulatoire ou depuis l’extérieur (Sainte-Radegonde de Poitiers), en passant par la conservation dans une châsse pouvant être entreposée dans le sanctuaire ou dans une sacristie (Conques), jusqu’à l’édification de véritables monuments reliquaires dans le sanctuaire (Saint-Lazare d’Autun, Saint-Junien), dans la nef (Saint-Front de Périgueux), dans une chapelle ou dans un bâtiment annexe, toutes sortes de solutions ont été envisagées. L’église peut elle-même être conçue comme un immense reliquaire, comme ce fut le cas au XIIIe siècle avec la Sainte-Chapelle de Paris.


L’étude des coutumes et des pratiques est nécessaire pour comprendre la manière dont chaque église répondait, dans sa topographie, à des usages spécifiques (processions, pratiques dévotionnelles particulières, liturgies adaptées, espaces unifiés ou espaces multipolaires). Mais on n’oubliera pas non plus que l’invention architecturale médiévale ne peut pas être réduite à une vision fonctionnaliste ou utilitariste. Certaines constructions répondaient davantage à des visées symboliques ou iconologiques. La place de la relique et l’organisation du culte durent parfois être adaptés à des formes peu propices à leur mise en œuvre, tout simplement parce que la volonté première des commanditaires était motivée par d’autres enjeux. Enfin, beaucoup d’églises-reliquaires résultent d’aménagements empiriques, réalisés parfois au gré des aléas de l’histoire ou des besoins ponctuels, sans qu’un projet global cohérent n’ait jamais été élaboré.